CONTEXT ◗ one way ride

paroles: slow train coming by bob dylan.
image: jerome loywick, retouchée par everest.

╌ MERIDA, PENINSULE DU YUCATAN, MEXIQUE, 13 JUIN 1990. ╌

Il essuya le sol terreux de ses pieds nus, inquiet. Les effluves du tabac parvinrent à ses narines et il huma la fumée, presque lassé. La brise du soir balayait les cendres grisées de sa cigarette, tombée à-même le sol. Le capot carmin de sa Chevrolet vint effleurer sa peau irisée et des frissons le parcoururent. Il jeta un œil à sa montre. 3h42. Le soleil ne se lèverait pas avant quelques heures. Ses mains abîmées par le temps caressaient doucement l’air. « Il aurait dû être là depuis une bonne heure. Décampons avant que la police vienne foutre les pieds ici, Kingsley. » murmura un autre homme, une gauloise au bec et un chapeau de paille sur le sommet de son crâne. Il s’apprêtait à regagner la Chevrolet mais fut retenu par le poignet vigoureux de son collègue. Ce dernier le lâcha finalement, une allure vipérine dans le regard et ils montèrent tous deux dans la voiture. Il posa ses mains sur le volant dont le cuir était déchiré et coupa les phares, les plongeant ainsi dans une obscurité déconcertante. « Aucun risque qu’on nous prenne. Maintenant, ferme la portière et ferme la jusqu’à ce que Joe amène la drogue. » déclara-t-il avec une moue déplacée. Le dit Joe ne se fit pas tarder. Des phares vinrent aveugler la vieille Chevrolet et un homme descendit sans bruit de son siège. Soudain, ils entendirent un coup de feu et le corps de l’homme s’écroula sur le sol, sans même un cri. Le pied de Kingsley vint se poser sur la pédale d’accélérateur et la voiture démarra en trombe, glissant sur la route sinueuse. « Le risque, ce n’était pas la police, mais bien les autres gangs. » marmonna-t-il, le regard concentré sur la route sombre qui se défilait à l’horizon. La camionnette grenat s’élança sur les chemins tortueux et se fondit peu à peu dans l’obscurité de la nuit.